Et si vous pouviez enfin parvenir à perdre du poids en modifiant votre flore intestinale?
Si, comme de nombreuses personnes en surpoids vous ne parvenez jamais maigrir malgré un régime strict maintenu sur la durée, votre microbiote pourrait bien être en cause. La recherche a en effet pu mettre en évidence un déséquilibre entre les groupes de bactéries intestinales chez les personnes obèses, entraînant une baisse du métabolisme, le stockage systématique des calories sous forme de graisse, une réduction de la sensibilité à l'insuline et une augmentation de l'appétit.
Voyons ensemble comment votre microbiote influence votre composition corporelle, et les mesures à prendre pour perdre du poids une bonne fois pour toutes.
Qu'est-ce qu'une "bonne" flore intestinale?
Notre intestin abrite plus de bactéries que notre corps ne compte de cellules. Avec 100 trillions de micro-organismes (100 milliards de milliards), le colon est l'habitat microbien le plus densément peuplé de tout le globe. Parallèlement à l'avancée de la métagénomique, la science découvre toute l'ampleur de la population bactérienne intestinale et son impact sur la croissance, la santé, l'immunité et la composition corporelle.
À quoi sert la flore intestinale?
Siège de l'immunité par excellence, l'intestin est composé de plusieurs couches de cellules, mais surtout de milliards de milliards de bactéries qui assurent sa perméabilité, mais aussi la synthèse de nutriments essentiels au corps comme certaines vitamines et des acides gras à chaîne courte (SCFAs).
Toutes les bactéries intestinales n'ont pas encore pu être identifiées, et seules 30% d'entre elles sont actuellement répertoriées. Avec ces données, on sait déjà que les bactéries probiotiques de notre intestin interviennent dans :
- La digestion et le transit intestinal
- Le développement de cellules immunitaires
- La santé cardiaque
- L'équilibre de la glycémie
- Le développement du cerveau et les fonctions cognitives
- Le contrôle du poids
Quelles sont les bactéries bénéfiques à la santé?
90% de la flore microbienne intestinale est constituée des phyla firmicutes et bacteroidetes, les 10% restant étant constitués d'actonibactéries, protéobactéries, fusobactéries et verrucomicrobia. En cas de dysbiose, ou de déséquilibre de la flore intestinale, certaines bactéries "malveillantes" prolifèrent et colonisent l'intestin.
De nombreuses espèces de bactéries probiotiques comme les Acidophilus ou Bifidobacterium sont célèbres pour leur effet apaisant sur le transit intestinal, la digestion du lactose ou le renfort de l'immunité.
Mais pour la santé globale et une immunité robuste, il faut que l'intestin soit colonisé par la plus grande variété possible de souches probiotiques: plus il y a de bactéries différentes, plus il y a de gènes différents qui peuvent être exprimés.
Flore intestinale, prise de poids et surpoids
Comment votre intestin peut vous empêcher de perdre du poids
Le microbiote intestinal d'une personne adulte en bonne santé est majoritairement colonisé par le phylum bacteroidetes. Chez une personne obèse, c'est le phylum firmicutes qui est majoritaire. Cette diversification bactérienne provient bien-sûr de l'alimentation, mais elle peut aussi trouver son origine dans une défaillance lors de la colonisation intestinale durant l'enfance. En effet, il est utile de savoir qu'un bébé nait stérile: il construit sa flore bactérienne à partir des bactéries de sa mère. L'accouchement par voie basse, l'allaitement (et les câlins !) sont donc essentiels à une bonne composition microbienne. Ensuite, la transition vers la nourriture solide fait évoluer le microbiote et intervenir de nouvelles souches de bactéries.
Si l'une de ces étapes a été négligée, le risque de dysbiose devient plus élevé, tant chez l'enfant que l'adulte. Allergies, facilité à développer des caries, troubles de l'humeur et désordres digestifs chroniques sont autant de troubles qui trouvent leur source dans la flore intestinale. Et, point intéressant, une dysbiose pourrait nous programmer à devenir obèse.
Comment le microbiote contrôle votre poids?
Une flore intestinale équilibrée, donc variée, vous aide à garder la ligne et à perdre du poids. Mais de quelle façon?
- Un microbiote bien diversifié améliore la digestion et l'absorption des aliments et leurs nutriments
- Les bactéries intestinales digèrent les fibres alimentaires et produisent des "post-biotiques" qui influencent le métabolisme et réduisent le stockage des graisses.
- Elles maintiennent et améliorent la sensibilité à l'insuline
- Elles modulent la production d'hormones comme la leptine, la ghréline ou la protéine PYY, pour réduire la faim et faire durer la sensation de satiété.
- Elles produisent des acides gras à chaîne courte qui influencent l'appétit et les dépenses caloriques.
- Elles réduisent l'absorption des graisses et leur stockage dans le corps.
Quel microbiote pour maigrir efficacement?
Une étude a examiné 77 paires de jumeaux dont l'un des deux était obèse. Ils ont pu remarquer que le jumeau obèse avait une flore intestinale beaucoup moins variée que son jumeau de poids normal. Ce manque de variété bactérienne peut empêcher la digestion de certains aliments comme les glucides, facilitant leur stockage sous forme de graisse.
Pour maigrir, et surtout ne pas prendre de poids, la règle d'or est de se constituer une flore intestinale comprenant une grande variétés de souches probiotiques.
Comment modifier et rééquilibrer sa flore intestinale pour maigrir ?
La recherche pu établir un lien entre obésité et flore intestinale. D'une part, le phylum firmicutes serait majoritaire chez les personnes obèses, alors que c'est le phylum bacteroidetes qui est majoritaire chez les personnes de poids normal. Mais, point intéressant, le microbiote des personnes souffrant de surpoids ou d'obésité serait également peu représenté par certaines bactéries probiotiques, notamment de la famille des Lactobacillus et Bifidobacterium.
Faire une cure de probiotiques
Prendre un supplément de probiotiques aide la flore intestinale à être mieux représentée en souches bénéfiques; pour la digestion, le transit, mais aussi la santé globale et le contrôle du poids.
Pour que les souches colonisent efficacement l'intestin, il faut néanmoins les aider à se multiplier en assainissant le microbiote au préalable. Certains naturopathes préconisent l'usage d'extraits de pépin de pamplemousse ou de charbon activé environ une semaine avant de débuter le programme de supplémentation, afin d'éliminer les bactéries néfastes et éviter une concurrence entre les souches.
Enfin, une alimentation plus riche en fibres permet de nourrir les bactéries bénéfiques et favoriser leur multiplication dans l'intestin, pour une action plus efficace et durable.
Le rôle des fibres alimentaires sur le microbiote
Les fibres sont essentielles à un microbiote sain car elles nourrissent les bactéries bénéfiques et assainissent l'intestin. Elles participent donc à l'équilibre global du microbiote, indispensable à la santé et au contrôle du poids.
Pour rééquilibrer un microbiote en faveur des bacteroidetes, profiter d'un transit intestinal apaisé et d'un ventre bien plat, des interventions nutritionnelles sont à envisager en premier lieu:
- Consommer une grande variété d'aliments
- Consommer plus d'aliments riches en fibres comme les légumes, les légumineuses et les fruits
- Consommer plus d'aliments riches en fibres prébiotiques comme la chicorée, le chia, le psyllium ou le caroube
- Consommer plus de grains complets comme l'avoine, l'orge ou le seigle, sauf en cas de sensibilité au gluten.
Combien de temps faut-il pour reconstituer sa flore intestinale?
La flore intestinale est impactée à partir du moment où les souches probiotiques atteignent le colon. L'effet d'une supplémentation en probiotiques est donc quasi immédiat. Pour une colonisation complète, la recherche considère qu'une semaine de supplémentation, en complément de l'introduction de fibres dans l'alimentation, est suffisante pour initier le rééquilibrage de la flore intestinale. Un programme de 12 semaines environ est conseillé pour maintenir cet équilibre à terme.
Quels probiotiques choisir pour maigrir?
Différentes études ont pu observer une perte de poids significative après introduction de certaines souches probiotiques, notamment avec des Lactobacillus et Bifidobacterium, qui ont aidé les personnes à perdre du poids et de la graisse abdominale.
Dans une étude, des personnes ayant consommé des souches de Lactobacillus fermentum ou Lactobacillus amylovorus ont vu leur poids corporel réduit de 3 à 4% en seulement 6 semaines.
Dans une autre étude, 125 personnes obèses ont été supplémentées avec Lactobacillus rhamnosus pendant 3 mois. Ces personnes ont perdu 50% de poids en plus que le groupe témoin supplémenté avec un placebo.
Une étude a également obtenu de bons résultats après une supplémentation de 12 semaines avec Lactobacillus sakei, qui a réduit à la fois la masse graisseuse et le tour de taille des participants.
Bifidobacterium animalis, Lactobacillus paracasei, Lactobacillus plantarum, Lactobacillus salivarius et Clostridium butyricum ont également obtenu des résultats prometteurs sur les rongeurs. Les recherches ont pu observer une réduction de la masse graisseuse et de la graisse viscérale, une amélioration des marqueurs de santé comme l'accumulation de graisse dans le foie et la sensibilité à l'insuline, ou une augmentation des concentrations de leptine.
Lactobacillus gasseri
Parmi tous les probiotiques étudiés jusqu'à aujourd'hui, celui qui a obtenu les résultats les plus prometteurs sur la perte de poids est Lactobacillus gasseri. Les recherches préliminaires sur les rongeurs ont pu démontrer que la souche avait un effet anti-obésité très prononcé. Sur l'Homme, les études ont obtenu des résultats similaires, avec une réduction du poids corporel, de la graisse viscérale, de l'IMC, du tour de taille et du tour de hanche. Les participants ont perdu en moyenne 8,5% de graisse abdominale à l'issue des 12 semaines de test. Les participants ont repris du poids 4 semaines après la fin de l'étude, mais ils n'avaient suivi aucun régime et n'avaient pas augmenté leur niveau d'activités physiques. Les chercheurs ont suggéré que la supplémentation avec L-Gasseri, en complément d'interventions nutritionnelles et sportives, pouvait aider à la perte de poids et à la sa stabilisation sur le plus long terme.
Bifidobacterium breve
Selon des études interventionnelles sur des sujets obèses et souffrant de troubles métaboliques liés au surpoids, la prise de Bifidobacterium breve sur 12 semaines a conduit à une perte de poids, provenant d'une réduction de la graisse corporelle, viscérale et abdominale. Les sujets ayant consommé le probiotique ont également vu leur sensibilité à l'insuline s'améliorer, ainsi que leur taux de glucose sanguin, triglycérides et cholestérol total.
Quel est le meilleur probiotique pour perdre du poids?
La supplémentation en probiotiques est la solution la plus efficace pour rééquilibrer le microbiote et retrouver un transit apaisé et une digestion plus légère, mais aussi une immunité renforcée. Pour faciliter la perte de poids, l'introduction de souches comme L-gasseri ou B-breve est à ce jour la méthode scientifiquement appuyée pour réduire le poids corporel, la graisse sous cutanée et la graisse viscérale. En complément d'une activité physique régulière, d'une alimentation plus riche en fibres et réduite en sucres raffinés et graisses saturées, la flore intestinale peut retrouver un équilibre durable et favoriser un meilleur IMC, un ventre plus plat et de meilleurs marqueurs de santé.
À lire également
Quand prendre des probiotiques?
Probiotiques et prébiotiques: pourquoi en prendre?
10 conseils pour perdre du poids plus rapidement
Perdez du poids dans la bonne humeur avec le Griffonia
Sources:
Rinninella E, Raoul P, Cintoni M, et al. What is the Healthy Gut Microbiota Composition? A Changing Ecosystem across Age, Environment, Diet, and Diseases. Microorganisms. 2019;7(1):14. Published 2019 Jan 10. doi:10.3390/microorganisms7010014
Rodríguez JM, Murphy K, Stanton C, et al. The composition of the gut microbiota throughout life, with an emphasis on early life. Microb Ecol Health Dis. 2015;26:26050. Published 2015 Feb 2. doi:10.3402/mehd.v26.26050
Koh A, De Vadder F, Kovatcheva-Datchary P, Bäckhed F. From Dietary Fiber to Host Physiology: Short-Chain Fatty Acids as Key Bacterial Metabolites. Cell. 2016 Jun 2;165(6):1332-1345. doi: 10.1016/j.cell.2016.05.041. PMID: 27259147.
Slavin JL. Dietary fiber and body weight. Nutrition. 2005 Mar;21(3):411-8. doi: 10.1016/j.nut.2004.08.018. PMID: 15797686.
Hjorth MF, Roager HM, Larsen TM, Poulsen SK, Licht TR, Bahl MI, Zohar Y, Astrup A. Pre-treatment microbial Prevotella-to-Bacteroides ratio, determines body fat loss success during a 6-month randomized controlled diet intervention. Int J Obes (Lond). 2018 Mar;42(3):580-583. doi: 10.1038/ijo.2017.220. Epub 2017 Sep 8. Erratum in: Int J Obes (Lond). 2018 Feb 06;: PMID: 28883543; PMCID: PMC5880576.
Thaiss CA, Itav S, Rothschild D, Meijer MT, Levy M, Moresi C, Dohnalová L, Braverman S, Rozin S, Malitsky S, Dori-Bachash M, Kuperman Y, Biton I, Gertler A, Harmelin A, Shapiro H, Halpern Z, Aharoni A, Segal E, Elinav E. Persistent microbiome alterations modulate the rate of post-dieting weight regain. Nature. 2016 Dec 22;540(7634):544-551. doi: 10.1038/nature20796. Epub 2016 Nov 24. PMID: 27906159.
Bäckhed F, Ding H, Wang T, Hooper LV, Koh GY, Nagy A, Semenkovich CF, Gordon JI. The gut microbiota as an environmental factor that regulates fat storage. Proc Natl Acad Sci U S A. 2004 Nov 2;101(44):15718-23. doi: 10.1073/pnas.0407076101. Epub 2004 Oct 25. PMID: 15505215; PMCID: PMC524219.
Cani PD, Neyrinck AM, Fava F, Knauf C, Burcelin RG, Tuohy KM, Gibson GR, Delzenne NM. Selective increases of bifidobacteria in gut microflora improve high-fat-diet-induced diabetes in mice through a mechanism associated with endotoxaemia. Diabetologia. 2007 Nov;50(11):2374-83. doi: 10.1007/s00125-007-0791-0. Epub 2007 Sep 6. PMID: 17823788.
Fetissov SO. Role of the gut microbiota in host appetite control: bacterial growth to animal feeding behaviour. Nat Rev Endocrinol. 2017 Jan;13(1):11-25. doi: 10.1038/nrendo.2016.150. Epub 2016 Sep 12. PMID: 27616451.
Cani PD, Lecourt E, Dewulf EM, Sohet FM, Pachikian BD, Naslain D, De Backer F, Neyrinck AM, Delzenne NM. Gut microbiota fermentation of prebiotics increases satietogenic and incretin gut peptide production with consequences for appetite sensation and glucose response after a meal. Am J Clin Nutr. 2009 Nov;90(5):1236-43. doi: 10.3945/ajcn.2009.28095. Epub 2009 Sep 23. PMID: 19776140.
Kumar Singh A, Cabral C, Kumar R, et al. Beneficial Effects of Dietary Polyphenols on Gut Microbiota and Strategies to Improve Delivery Efficiency. Nutrients. 2019;11(9):2216. Published 2019 Sep 13. doi:10.3390/nu11092216
Minami J, Iwabuchi N, Tanaka M, Yamauchi K, Xiao JZ, Abe F, Sakane N. Effects of Bifidobacterium breve B-3 on body fat reductions in pre-obese adults: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Biosci Microbiota Food Health. 2018;37(3):67-75. doi: 10.12938/bmfh.18-001. Epub 2018 May 8. PMID: 30094122; PMCID: PMC6081611.